Malcom FERDINAND est chercheur en science politique au CNRS (IRISSO/ Université Paris Dauphine). Situées au croisement de la philosophie politique, de la sociologie des sciences et des techniques, et de l’écologie politique, ses recherches portent sur les conflits écologiques globaux et leurs effets en contextes postcoloniaux.

Il a publié de très nombreux ouvrages dont « Une écologie décolonisée : Penser l’écologie depuis le monde caribéen. »

Pour Malcom Ferdinand,

« La pensée environnementale s’est construite sur l’occultation des fondations coloniales, patriarcales et esclavagistes de la modernité. Les inégalités sociales, les discriminations raciales et sexuelles, et les situations (post)coloniales sont alors cachées derrière l’universalisme du « nous sommes tous dans le même bateau ». Face à la tempête écologique, l’Arche de Noé exigerait d’abandonner à quai les demandes de justice. Penser l’écologie depuis le monde caribéen confronte cette absence à partir d’une région où impérialismes, esclavagismes et destructions de paysages nouèrent violemment Européens, Amérindiens et Africains. Nous sommes dans le même bateau, mais pas dans les mêmes conditions. Le Navire Négrier montre que certains sont cantonnés à la cale et parfois jetés par-dessus bord à la seule idée de la tempête. Tel est l’impensé de la double fracture moderne qui sépare les questions sociales et politiques des enjeux environnementaux. Or, panser cette fracture demeure la clé d’un habiter ensemble qui préserve les écosystèmes tout autant que les dignités. Telle est l’ambition d’une écologie décoloniale qui lie les enjeux écologiques à la quête d’un monde au sortir de l’esclavage et de la colonisation. Depuis la cale de la modernité, je trace une écologie qui ébranle la constitution coloniale de l’Anthropocène. Face à la tempête, ce livre est une invitation à construire un Navire-Monde où les rencontres des autres humains et non-humains sur le pont de la Justice dessinent l’horizon d’un monde. »